Si nous voulons réellement lutter contre le harcèlement, il est bien plus efficace d’agir en prévention, en améliorant le climat scolaire, et en formant élèves et adultes à la communication non violente et la médiation. La baisse des conflits entre élèves, constatée par de nombreux chefs d'établissement, atteint souvent 60 à 80 % en un à deux mois, et entraîne à la fois une diminution du harcèlement et une plus grande facilité à gérer celui-ci.

Par Philippe Dacremont, formateur Valdocco Formations

 

La majorité des conflits interpersonnels entre jeunes sont la conséquence de malentendus, de non-maîtrise des émotions ou d’un engrenage : il n’est donc ni juste, ni efficace de les régler par la même méthode que celle qu’on utilise pour les transgressions ou le non-respect de l’autorité. C’est pourquoi il est préférable, comme dans beaucoup d’autres pays, mais encore peu souvent en France, de régler la majorité des conflits entre jeunes par la médiation, en n’appliquant une sanction éducative qu’en cas de refus ou d’échec complet de cette médiation.

 

Si elle prend un peu plus de temps au départ, la médiation en fait gagner beaucoup ensuite, parce qu’elle permet :

- de supprimer tout sentiment d’injustice

- de régler les conflits en profondeur

- de traiter la plupart des conflits entre élèves, or certains peuvent cacher un problème important pour un élève, ou un cas de harcèlement.

Mais si les conflits entre élèves étaient seulement gérés par des adultes, ceux-ci apporteraient certes une habitude de régler des conflits sans violence, mais ce serait toujours une attitude d’adultes, qui, par principe, est rejetée par une grande partie des jeunes.

Même si elle n’est que partielle, la meilleure solution est donc de confier à des élèves médiateurs une partie de la responsabilité de la gestion des conflits.

 

Une amélioration rapide du climat scolaire peut être observée :

- si on éduque tous les élèves à régler leurs conflits par une communication sans violence ou par la médiation, grâce à un kit pédagogique qui comprend une dizaine de vidéos

- si on applique une « tolérance zéro » à tout comportement violent ou offensant,

- si on prend ensuite le temps de régler le problème par la médiation, avec des élèves médiateurs, et, suivant les cas, un encadrant adulte,

- si on utilise ces conflits ou comportements offensants comme des opportunités éducatives

- si on réserve la sanction éducative aux violences particulièrement graves, aux rares cas de refus ou d’échec complet de la médiation, ou d’absence de progrès après une médiation,

- si enfin des adultes accompagnent les élèves-médiateurs, ce qui entraîne la confiance des jeunes envers les adultes.

Alors tous les jeunes d’un établissement deviennent rapidement persuadés que tout conflit peut être réglé par le dialogue et sans violence, et on constate en un à deux mois que le nombre de conflits et de harcèlement diminue nettement, et que beaucoup d’élèves difficiles, ayant repris confiance dans les adultes, quittent leur attitude rebelle et adoptent un comportement de travail. Les cas de harcèlement sont alors moins nombreux, sont connus plus tôt et se dénouent plus facilement.

 

Cette formation implique :

- une présentation à l’équipe éducative

- une sensibilisation à la communication non-violente et à la médiation dans toutes les classes par les enseignants, grâce à un kit pédagogique comprenant une dizaine de vidéos et plusieurs animations,

puis, selon les besoins de l’établissement :

- une formation courte des adultes encadrants à former et encadrer les élèves-médiateurs.

- une formation courte des élèves-médiateurs.

Après cette période de formation, on peut gérer la plupart des conflits entre élèves et des cas de harcèlement modéré par la médiation.

 

Une présentation de la médiation par les pairs (à destination des adultes) par Mme Leyendecker, ancienne principale de collège, et Mr Picquenot, ancien inspecteur, au colloque des 20 ans de la médiation de l’Éducation Nationale "La médiation pour une société de la confiance"

JP Bonafé-Schmitt, chercheur et auteur, notamment de "la médiation scolaire par les élèves", S Jamme, CPE, et A Fulleda, magistrat,

à propos de médiation, conflit, citoyenneté et bien vivre-ensemble

un exemple de mediation